Hélène Delépine
Mon travail est un jeu de construction fait d’expériences de combinaison qui fonctionne par déplacement et par l’usage du signe et de l’indice. Il se situe dans un cheminement qui explore les points de vue et les rapports d’échelle.
Il interroge la permutation du réel et de notre imaginaire en mêlant l’architecture à l’objet, le passé au futur, l’essor au déclin. Entre la résistance et la fragilité, le rigide et le dissolu, le géométrique et l’organique, j’opère selon des principes de dualité et de contradiction qui traduisent une tension et permettent d’amorcer une réflexion ou un questionnement. Je souhaite instiller un doute dans ce qui est donné à voir et révéler le potentiel fictionnel du réel, lui empruntant un répertoire de formes et d’images ayant une capacité à s’abstraire afin d’élaborer un vocabulaire formel simple et essentiel. J’aime l’idée chère à Ettore Sottsass de transformer le banal en atemporel ou en d’éventuels archétypes mythiques.
La terre est mon matériau de prédilection pour rendre compte de mes préoccupations. Je cherche au travers de cette pratique ses potentialités et ses capacités à interroger et figurer des états intermédiaires qui peuvent se contredire et ainsi ouvrir une brèche pour sonder nos multiples lectures du réel. J’aime à penser que cette matière à la fois intemporelle et intimement liée à l’histoire de l’homme, de ses cultures et de ses pratiques peut sans cesse éprouver le lien entre ce qui s’édifie et ce qui se délite, entre ce qui appartient au présent et au passé, entre ce qui est et la projection que l’on a du réel, et ainsi créer la synthèse d’une seule et unique condition.
Hélène Delépine, 2021