Francois Genot

48°52'48"N/7°02'35"E

L’attitude sensible et dynamique de François Génot face aux paysages du quotidien vise à reconsidérer la question du « sauvage » par une représentation contemporaine de la nature.

Sa pratique artistique se décline à partir du dessin en de multiples propositions plastiques, de la peinture, la sculpture et l’installation, du fusain à la céramique, où un certain rapport à la nature est primordial.

Avant le passage de l’artiste, il y a un espace blanc. Après son passage, une abondance végétale dense, vivifiante, qui nous agrippe tel un buisson épineux et ne nous lâche plus. Sur une feuille de papier ou in situ, François Génot crée ce qu’il nomme un paysage, mais peut-être pourrait-on plutôt appeler cela une présence végétale, qui s’est imposée et qui a crû en dépit de forces contraires.

Introduit depuis son enfance, par l’éducation qu’il a reçue, au règne de la nature, François Génot en a fait la source de son art, partout où elle parvient à s’installer.

Le mot « source » est ici à prendre dans un sens très peu métaphorique : ce ne sont pas vraiment les paysages dans leurs qualités plastiques qui arrêtent l’attention de l’artiste mais leur puissance d’expansion et de poussées. C’est là qu’il puise sa manière de procéder et, en somme, l’évidence même de la création.

Son travail commence avec la rencontre d’un lieu (bord de route, zone industrielle, terrain vague, …) où la nature marque sa présence de façon inattendue. La photo qu’il en tire est un document (non un modèle) grâce auquel l’artiste retrouvera la structure des tiges ou du fourré concernés.

Vient ensuite le dessin, dans lequel on reconnaîtra finalement une silhouette végétale, mais qui est d’abord genèse, croissance, expansion. Les repères s’égarent dans une composition qui dépasse les limites de la feuille, ou bien se développe dans l’espace, et déborde le regard du spectateur. L’artiste ajoute et efface. Il arrache sa composition au blanc de la feuille ou du mur avec la même force que la nature qui, pour croître, écarte les pavés. D’autres travaux que le dessin, notamment de petites faïences blanches, semblent eux aussi avoir été soumis à un processus d’extraction à la fois délicat et violent.

A la fin, le mur ou la feuille, dématérialisés, ne sont plus que mouvements et courants. Le vide et le plein y ont une existence égales, comme dans une estampe asiatique. L’espace est vibrant : grincements d’insectes invisibles, frémissements de feuilles, souffles. Ce que l’artiste imprime à notre regard, c’est le rythme de la création.

Anne Malherbe, 2011